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La norme ISO 16128

Quest-ce que c'est que ce truc ?

C'est la question que vous êtes en train de vous poser si vous avez eu la curiosité d'ouvrir cet article.

 

Une norme est élaborée selon un processus très défini, et est publiée au terme de discussions regroupant des représentants du monde entier, quand un consensus a été trouvé. Elle devient alors une référence internationale. À noter qu'une norme n'a pas à être "adoptée" ou à "entrer en vigueur" : une fois qu'elle est publiée, elle fait référence. 

Pour ce qui est de la norme 16128 son origine vient de la volonté d'établir un socle unique pour définir ce que sont les ingrédients et les produits cosmétiques naturels et biologiques. 

Chouette pourrait-on se dire , enfin une norme qui va nous permettre de nous y retrouver , nous consommateurs, pour ne plus avoir à décrypter les listes d'ingrédients à la loupe au rayon des cosmétiques. 

 

Hé bien au final il semblerait que cela soit plus compliqué .

Les représentants des firmes biologiques labelisées ( qui sont reconnues BIO) dénoncent une norme qui serait faite par et pour les industriels de la cosmétique conventionnelle ( vous savez celle qui nous met plein de mauvais ingrédients dans nos crèmes, shampoings,etc) afin d'entrer dans le marché du "naturel" à fort potentiel en proposant du "naturel au rabais".

 

Romain Ruth , président de COSMEBIO dit : " Il y avait une surreprésentation de la cosmétique conventionnelle dans la délégation française ", a souligné Romain Ruth. " Il faut savoir que l'accès aux discussions est payant, ce qui limite la représentation des petits acteurs. Cosmébio, Ecocert ou Cosmos étaient aussi représentés et nous avons essayé de participer le plus sainement possible pour pousser dans le sens d'une cosmétique naturelle claire et non-trompeuse, mais on a dû claquer la porte à un moment parce qu'on a considéré qu'il n'y avait pas d'écoute des acteurs historiques du bio par les représentants du conventionnel ". 

 

Une norme , on l'a dit, est un consensus et visiblement certaines régions du monde et de partenaires européens ne souhaitaient pas s'en tenir au référentiel BIO français ....trop contraignant ?

 

Le  point qui fait polémique est celui de l'apellation "d'ingrédient naturel" :

 

  • dans la norme ISO, un ingrédient est considéré comme « dérivé naturel » dès qu’il contient plus de 50% de matières premières naturelles même si il y a dans sa composition du non naturel, voire du synthétique . Du coup, ce type d’ingrédients peut entrer dans le pourcentage de "produits naturels" affiché sur un produit. Et ceci au même titre qu’un ingrédient 100% naturel (une huile végétale vierge et bio par exemple).
  • dans cette norme, les substances pétrochimiques et plastiques, même les plus controversées, ne sont pas interdites. Dommage pour une norme sur la cosmétique naturelle…
  • Une marque qui souhaitera se revendiquer “norme ISO 16128” pourra indiquer sur son emballage “contient XX% d’ingrédients biologiques” ou “XX% d’ingrédients naturels”. Alors que dans le reste des ingrédients on pourra trouver des silicones, benzophenones, du phenoxyethanol, de l’EDTA, BHT, etc.  Pour un consommateur non averti, cela accentuera encore le greenwashing ambiant. Celui-ci consiste à faire passer pour “naturel” ou “écolo” ce qui ne l’est pas.( voir article sur le sujet)

            Conclusion :Pour les consommateurs déjà sensibles aux problématiques écologiques cette norme ne changera pas grand chose car ils seront vigilants à l'étiquetage INCI dans leurs choix de cosmétiques ou au choix de produits labelisés BIO mais pour les autres la tromperie perdurera avec un greenwashing  encore plus pernicieux grâce à l'affichage des "% ingrédients naturels" dont les industriels ne vont sans doute pas se priver...Un consommateur prévenu en vaut deux !

 

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